«C’est beau la vie !» fut le leitmotiv des trois concerts de printemps donné le week-end dernier par les Musiciens du Chœur. Une émotion marquée aussi par un hommage intense au père Lucien.

Tel un tsunami instrumental et vocal, une liesse indescriptible venue du fin fond de la scène s’est abattue dans les parterres et les gradins du Dôme, entraînant dans son giron les plus réfractaires. Du plus jeune fan troublant quelque peu la magie du spectacle par ses babillages incessants à l’une des spectatrices les plus âgées affichant fièrement ses 99 ans, ils ont tous surfé sur la vague des Musiciens du Chœur. Il faut dire que pour cette prestation riche en émotion, René Rietzmann et Blandine Buecher ont mis le paquet.

Un show qui s’enrichit d’année en année

Heavy metal, opéra, balades celtiques, variété française, tous les genres ont été revisités par les musiciens. Se lançant dans des arrangements musicaux inédits, chaque famille d’instruments, chaque pupitre, chaque soliste a été sous les feux de la rampe, avec une prédilection toute particulière pour les cuivres impériaux et envoûtants.

Ainsi, les deux trompettistes, Yann Bernhard et Christophe Leicht, ont brillé par leur exécution de la marche triomphale d’Aïda, puis aidés par les cors, les percussions et un solo de guitare d’anthologie délivré par Renato Venchiarutti ont fait trembler les murs du Dôme dans une adaptation magistrale de The final Countdown.

Le saxophoniste, Gérard Ramaekers et le tromboniste, Stéphane Rieffel, ont, quant à eux, entraîné les amoureux de musique classique dans l’étourdissante valse n° 2 de Chostakovitch. Le flûtiste, Olivier Class, a livré une interprétation lyrique et romantique de Légendes d’automne laissant les spectateurs profiter d’un voyage au sein de contrées sauvages. Car le show des Musiciens du Chœur s’enrichit d’année en année.

Au son 3D performant et calibré par Cédric Mangin, se marient les lumières chaudes et subtiles des projecteurs. Quant aux images live des quatre cameramen de « Dinsheim audio visuel », diffusées sur grand écran, elles arrivent à figer l’instant présent et permettront au public de revivre toute l’émotion du concert grâce à l’enregistrement d’un DVD prochainement disponible.

Mais la musique ne serait rien sans la voix, et les Musiciens du Chœur savent en donner.

Grâce diabolique

Pour certains chants, ils s’entourent de prodiges dont la grâce et le timbre révèlent un côté presque diabolique, n’en déplaise au Père Lucien, l’initiateur de cet ensemble vocal. Aux incontournables et toujours aussi emblématiques Tania Bernhard, Caroline Sturzer et Damien Fritz, s’associent désormais de nouveau talents comme Julia Iribarne et Denis Steffen.

Du haut de ses treize ans et demi, Denis, élève au conservatoire de Strasbourg, a rejoint le chœur l’année dernière. Volontaire, droit et tout simplement charismatique, ce petit bout d’homme réussit à insuffler tantôt pêche, tantôt émotion à tout ce qu’il chante. Souriant jusqu’au bout des lèvres et professionnel jusqu’au bout des ongles, il salue à chaque passage son public sans oublier le chef d’orchestre et le premier violon « parce que c’est la règle ».

Celles et ceux qui ont assisté au concert n’écouteront et n’entendront plus Amazing Grace comme avant. Dans un impressionnant silence, ils ont tous été touchés par la « grâce merveilleuse et étonnante », après avoir été émus par une troublante interprétation de C’est beau la vie, mêlant la voix chaude de Damien Fritz et les vocalises de Tania Bernhard.

Ces moments resteront gravés dans les mémoires et tous ces morceaux résonneront encore longtemps dans les têtes et sur les lèvres… Notamment celles du Père Lucien, leur mentor, auquel a été rendu dimanche un chaleureux hommage. Lui qui a permis « l’éclosion des Musiciens du Chœur dont la musique parle aux cœurs des hommes » quitte sa paroisse et ses nombreux fidèles pour se consacrer à son autre passion : les voyages.

par L.B., publié le 19/05/2012 à 05:00